L’îlot du mois : Italie

Comme sillonner notre département, c’est ne jamais rouler à moins de quelques kilomètres de la frontière de nos voisins transalpins, il nous a paru évident d’arrêter notre îlot en évoquant la belle et riche littérature italienne…S’il existe des dialectes nombreux en Italie, largement utilisés (Goldoni pouvait écrire le Vénitien et Pirandello le Sicilien), l’italien est une langue forgée au XIVe siècle avec Dante, Pétrarque et Boccace et qui n’a guère évolué. Si bien que les Italiens ont la chance de pouvoir lire ces textes anciens sans la difficulté des Français qui veulent lire Chrétien de Troyes ou même Rabelais.


Aussi la littérature italienne a-t-elle besoin d’enracinement régional sans être une littérature régionaliste. Ses sujets embrassent les problèmes du monde mais ont bien souvent besoin d’un ancrage dans le terroir.
L’exemple du succès de la tétralogie d’Elena Ferrante, L’amie prodigieuse le prouve. L’ancrage napolitain est essentiel mais la violence entre les classes, les sexes ou des luttes politiques propre à ce territoire a pourtant rencontré une résonnance formidable dans de très nombreux pays. On peut parler même de succès mondial.

On peut donc parcourir la Vénétie avec Claudio Magris ou Italo Svevo. La Ligurie avec Italo Calvino, la Sicile avec Pirandello, Vittorini , Andrea Camilleri, ou Goliarda Sapienza, la Sardaigne avec Milena Agus, Rome avec Moravia, Elsa Morante ou Pasolini, Naples ou les Dolomites avec Erri de Luca, Le Milanais avec Buzzati. N’oublions pas les modernes : Silvia Avallone,Amaniti Niccolo, Baricco Alessandro, Saviano Roberto ou Sorrentino Paolo

Vous voulez une preuve que la littérature italienne est universelle ? Lisez ou relisez Buzzati. Les montagnes de Barnaboo, le désert où attend Drogo, les mers que sillonne Stefano n’ont qu’un ennemi… non pas les brigands, non pas les Tartares, non pas l’hideux K qui rôde … cet ennemi c’est le temps qui fuit et nous laisse désemparé. A moins que … la lecture soit le rare remède contre l’agitation futile et un baume contre l’usure qui vient. Une leçon de lucidité qui donne un sens à l’instant présent.